Les véhicules électriques seront majoritaires en Europe d’ici 2028

Pénuries, inflation des matières premières, hausses des prix, intensification de la transition électrique… Les constructeurs et fournisseurs s’adaptent à un contexte de crises à répétition, en relevant les défis opérationnels et commerciaux liés aux évolutions du marché.

Paris, le 23 juin 2022 – Déjà fragilisée par la crise sanitaire et la pénurie de semi-conducteurs, l’industrie automobile fait aujourd’hui face à de nouveaux chocs liés à la guerre en Ukraine et à la politique zéro-Covid en Chine. Ces bouleversements renforcent la spirale inflationniste liée au renchérissement des matières premières et exercent de fortes contraintes sur les chaînes d’approvisionnement.

À titre d’exemple, le coût en matières premières pour les véhicules à moteur thermique en Europe (2827$ en mai 2022, soit +91%) est environ le double des niveaux pré-Covid (1475$ en 2020). C’est encore plus prononcé pour les véhicules électriques, qui voient leur coût en matières premières par voiture augmenter drastiquement à cause du cobalt, du nickel et du lithium (6533$ par véhicule en mai 2022 contre environ 2924$ en avril 2021, soit +123%). Les véhicules électriques se révèlent plus sensibles aux hausses des coûts des matières premières que ceux à moteur thermique.

Les contraintes d'approvisionnement demeurent

Le flux tendu, qui caractérise à l’heure actuelle la chaîne d’approvisionnement, s’explique avant tout par les pénuries de semi-conducteurs qui constituent le principal goulet d’étranglement. Une tendance qui pourrait s’accentuer à cause de facteurs structurels : les nouvelles capacités de production de composants ne correspondent pas forcément aux besoins de l’industrie automobile. Les véhicules électriques nécessitant trois fois plus de puces que les thermiques, la demande de l’industrie automobile va augmenter de plus de 10% par an sous l’effet conjoint de la hausse des volumes et des parts de marché électrique. Les industriels du secteur sont donc dans l’obligation de fonctionner en « Stop&Go » pour faire face à une absence de stock.

Sous la pression de ces différentes disruptions, AlixPartners prévoit une baisse des ventes mondiales de véhicules à 79 millions d’unités pour 2022 (contre 90 millions en 2019). En France, AlixPartners prévoit une baisse à 2 millions des ventes de véhicules légers en 2022, contre 2,7 millions en 2019. A moyen terme, le prix plus élevé des véhicules électriques risque de maintenir un niveau de demande globale de véhicules inférieur aux niveaux pré-Covid.

Les marges des constructeurs en forte hausse

Le déséquilibre entre l’offre et la demande a permis à l’industrie automobile de réaliser des marges exceptionnelles, entraînant ainsi une création de valeur importante pour le secteur, qui est devenu bien plus attractif pour les investisseurs. AlixPartners prévoit un quasi-doublement de la valeur du secteur d'ici 2023, pour atteindre 89,2 milliards de dollars.

Ce déséquilibre offre/demande a permis à l’industrie automobile de retrouver, pour la première fois depuis 20 ans, du « pricing power ». Les constructeurs ont ainsi pu arrêter les remises, augmenter les prix et concentrer leur production sur les véhicules les plus rentables. Tout cela leur a permis d’obtenir un EBITDA assez exceptionnel et de réduire leur dette.

De plus, on constate une inversion de la répartition de cette valeur. En effet, par opposition aux tendances historiques, les constructeurs profitent bien plus de cette opportunité économique que les fournisseurs, avec une répartition de 63% en faveur des constructeurs, contre 37% pour les fournisseurs. Cela s’explique par la capacité des constructeurs à compenser les augmentations de coûts par des hausses de prix, augmentant ainsi leur EBITDA de 3,2 %, contre 1,7 % pour les fournisseurs.

« Les prix des matières premières ont fortement augmenté, mais les conséquences ne se sont pas encore entièrement répercutées sur les performances des constructeurs et des fournisseurs. Il faut donc rester prudent quant à la question de la rentabilité du secteur automobile sur le long terme », souligne Alexandre Marian, Managing Director chez AlixPartners.

85% de véhicules électriques en Europe en 2035

Selon AlixPartners, d'ici 2035, les véhicules électriques seront majoritaires dans toutes les grandes régions, à hauteur 85% en Europe, de 62% en Amérique du Nord, et 64% en Chine. On note d’ailleurs que les investissements annoncés dans les véhicules électriques ont doublé au cours des deux dernières années, pour atteindre 526 milliards de dollars en 2026.

Selon un sondage exclusif réalisé par AlixPartners auprès de 70 fournisseurs (Europe, Asie, Etats-Unis), seulement 37% d’entre eux ont déjà amorcé une transition du véhicule à moteur thermique au véhicule à moteur électrique. Pourtant, les programmes de moteurs thermiques sont proches d'un point d'inflexion : ils devraient diminuer de 33% en Europe et de 12% en Amérique du Nord entre 2024 et 2028.

« La transition du moteur thermique au véhicule électrique coûtera 70 milliards de dollars à l'industrie d'ici 2030, mais la gestion active de la transition pourrait permettre à l’industrie d'économiser 40 à 60 % de cette somme. L’industrie doit donc faire face à l’augmentation des matières premières, à la gestion de la transition électrique, et aux crises à venir, la contraignant à s’adapter continuellement », précise Laurent Petizon, Managing Director chez AlixPartners.

A propos d’AlixPartners

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