Laurent Petizon
Partner & Managing Director, Paris
Paris, 26 juin 2019 – Selon AlixPartners, l'industrie automobile est sur le point d'entrer dans un « désert de profits », car elle subit le double poids du ralentissement de l'industrie dans des marchés clés mondiaux et des dépenses massives consacrées aux programmes de nouvelles mobilités, à commencer par les véhicules électriques (EV). L’étude prévoit une croissance mondiale 2018-2026 réduite à 1,6%, avec une Chine à 1,7% (qui tomberait sous les 25 millions de véhicules en 2019 et 2020 pour ne retrouver les volumes de 2017 qu’en 2024), un marché américain qui tomberait à 15 millions en 2021 avant de revenir à ses volumes de 2018 vers 2026 , et un marché européen stagnant au global.
Le véhicule électrique est populaire auprès des Chinois (55% déclarent vouloir passer à l’électrique lors de leur prochain achat, contre 25-30% des Européens et Californiens mais moins de 20% des Américains). L’autonomie et le prix restent les obstacles principaux cités dans notre sondage cependant.
Les dépenses annoncées de l'industrie destinées à l'électrification vont atteindre 225 milliards de dollars (annoncés) sur les cinq prochaines années, et que plus de 300 modèles de véhicules électriques sont maintenant en cours de production dans le monde. Le montant alloué aux technologies destinées aux véhicules autonomes (AV) au cours de la même période atteindra 50 milliards de dollars.
Parmi les conséquences de cette révolution technologique : au moins 50 à 60 usines de groupes motopropulseurs, soit environ 20% du total mondial, pourraient avoir besoin d'une restructuration/reconversion ou bien être fermées dans les cinq ans, avec un impact d’environ 10% sur les effectifs de l’industrie. L’effet de la baisse rapide du diesel se fait déjà sentir sur les usines européennes, tandis que les amendes liées aux émissions de CO2 pourraient atteindre 1,8 milliards d’euros en 2021.
Laurent Petizon, Managing Director en charge de l’automobile chez AlixPartners : « Le pari électrique se joue maintenant, avec le lancement de très nombreux véhicules, particulièrement en Chine et en Europe : vont-ils se vendre en masse ? L’infrastructure suivra-t-elle ? Les prix vont-ils baisser suffisamment ? D’autres technologies (comme l’hydrogène) vont-elles émerger d’ici 5 ans ? Pour quel bilan CO2 réel ? Comment les constructeurs et équipementiers vont-ils s’inscrire dans les politiques énergétiques régionales et vont-ils garder un contrôle sur le choix des énergies pour la mobilité voire sur la mobilité elle-même, face à des Didi ou des Uber, ou aux acteurs de la mobilité collective ? Ce sont des paris à des centaines de milliards d’euros qui se jouent d’ici 2030. »
Du côté des fournisseurs, l'étude révèle que si les chiffres d’affaires sont restés à peu près inchangés d'une année sur l'autre pour 2018 et le premier trimestre de 2019, les bénéfices (mesurés par le bénéfice avant intérêts et impôts, ou EBIT) ont fortement baissé, sous la barre des 5%. Elle révèle également que le rendement du capital investi (RCI) l'an dernier a chuté à des niveaux bas tant pour les fournisseurs (à 4,9%), que pour les constructeurs (à 2,8%).
Les concessionnaires devront faire face à une baisse de 20% de leurs chiffres d’affaire et d’une baisse de 20% de leur marge brute en raison de l’évolution de l’industrie vers les nouvelles mobilités. L’entretien d’un véhicule électrique est 30 à 35% moins cher sur les cinq premières années. Selon l'étude, pour maintenir leur rentabilité, les concessionnaires devront à la fois examiner leurs structures de coûts actuelles et rechercher de nouvelles sources de revenus.
Georgeric Legros, Director chez AlixPartners : « Cette industrie plus que centenaire (mais finalement assez peu concentrée) commence à sentir les effets de la plus grande perturbation de son histoire, au moment où un ralentissement cyclique se dessine, touchant simultanément les trois grands marchés pour la première fois. Le paysage automobile (aussi bien côtés constructeurs que fournisseurs ou distribution/pièces) risque fort d’être radicalement différent dans cinq à dix ans. C’est le moment de faire des paris audacieux pour survivre à ces bouleversements. »
L’étude est basée sur une analyse de données provenant de sources publiques et privées, et comprend un sondage en ligne auprès de consommateurs âgés de 18 ans et plus possédant un permis de conduire, mené entre le 1er et le 28 mai 2019 en Chine (1 108 répondants), Allemagne (1 008), Japon (1 033), Norvège (1 031), Royaume-Uni (1 030), États-Unis (2 385, hors Californie), et Californie (1 019, sondage effectué séparément).
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