Enquête IPEM 2024

29 January 2024

2024, une année plus propice aux transactions en dépit des risques géopolitiques et macro-économiques perçus par les fonds

En 2023, les conditions du marché ont été difficiles à tous points de vue - sorties, levées de fonds, nouveaux investissements. Cependant, selon la sixième édition de l'enquête annuelle sur le capital- investissement menée par l'IPEM, en partenariat avec AlixPartners, 2024 devrait être plus propice aux transactions. Réalisée depuis 2018, cette édition a interrogé 157 fonds européens (GPs) et 14 associations professionnelles du 9 novembre au 12 décembre 2023.

Les troubles géopolitiques identifiés comme la principale menace externe 

Le secteur européen du capital investissement affiche un optimisme prudent pour 2024. Des inquiétudes subsistent quant à un éventuel ralentissement de l’économie - pic atteint cette année - alors que les troubles géopolitiques sont identifiés comme la principale menace externe. De nombreuses élections majeures se profilant, la perspective d’alternances politiques susceptibles d'impacter les entreprises et les marchés préoccupe les acteurs du capital investissement. En outre, la montée du populisme et le risque de mouvements sociaux sont de nouveau cités parmi les cinq principales menaces externes, après deux ans d'absence du classement, devant la hausse des taux d’intérêt et la volatilité du marché.

Ces facteurs macroéconomiques accentuent les défis spécifiques au capital-investissement européen. En 2023, les conditions de sortie ont fait leur entrée dans le classement des risques sectoriels et restent, pour la deuxième année consécutive, en tête des préoccupations de 2024. Elles sont suivies par les enjeux liés aux valorisations élevées. Néanmoins, les fonds sont positifs sur les perspectives de transactions cette année.

Les opportunités de sorties s’améliorent progressivement

 L'optimisme grandit quant à la possibilité de réaliser des sorties en 2024. Dans l'ensemble, 56 % des GPs voient plus d'opportunités de sortie dans les 12 prochains mois. Les sorties classiques demeurent les principales envisagées : la vente à des acteurs corporates est considérée par 60 % des répondants (76 % pour les acteurs du capital-risque) ; la cession à une autre société de capital-investissement est quant à elle envisagée par 52 % des GPs (jusqu’à 67 % pour les acteurs du buyout). Cependant, bon nombre de GPs envisagent une part croissante de solutions de sorties alternatives telles qu’une cession à des fonds de continuation ou des fonds secondaires, considérée par 34 % des entreprises, ou des sorties partielles ou minoritaires pour 28 %.

2024 : une année porteuse pour les nouvelles transactions, mais non sans défis

 Le regain d’optimisme et les recherches d'opportunités plus créatives laissent penser que 2024 pourrait représenter un bon cru pour les volumes d’opérations et le déploiement de capitaux, avec des niveaux de confiance atteignant ceux de 2021, année record de transactions dans le capital- investissement.

Pour certains, les principaux obstacles à la conclusion d'opérations pourraient s'atténuer au fur et à mesure de l'année : 42 % des entreprises pensent que les écarts de valorisation s'amélioreront légèrement ou considérablement en 2024. Cette conviction est la plus forte parmi les grands fonds.

Au niveau des sociétés du portefeuille, la vigilance à l'égard de l'endettement des entreprises est désormais plus grande, ce qui pourrait être lié au mur d'échéances de la dette que le secteur anticipe. Ces niveaux d'endettement pourraient entraîner une augmentation des restructurations pour 69 % des personnes interrogées.

Des attentes plus fortes du côté des LPs

 Cette année, le niveau d'influence des investisseurs (LPs) atteint son plus haut niveau depuis la création de cette enquête : 83 % des personnes interrogées s'attendent à un rapport de force favorable aux LPs cette année (77 % l'année dernière, tandis que le rapport de force était généralement équilibré les années précédentes). Cette évolution reflète celle de l’environnement des levées de fonds : 73 % des personnes interrogées considèrent que cette année restera difficile pour la collecte de fonds, contre 72 % l'année dernière. Les fonds de capital-risque et de croissance sont particulièrement inquiets quant à leur capacité à lever des fonds.

Malgré cela, 63 % des répondants prévoient toujours de lever des fonds en 2024, et ce notamment auprès de nouvelles catégories de LPs : 59 % prévoient une augmentation des fonds investis par les family offices et les investisseurs fortunés, contre 45 % en 2023. Les flux provenant d'investisseurs particuliers devraient également augmenter pour plus de la moitié des GPs interrogés, et 31 % s'attendent à une augmentation du poids des fondations - le niveau le plus élevé depuis le début de l'enquête.

67 % des entreprises s'attendent à ce que les investisseurs exigent un peu plus ou beaucoup plus de redistributions, et 63 % s'attendent à une hausse de leurs attentes en matière de liquidité, ce qui stimulera sans doute l'activité en 2024. Les LPs influencent également les pratiques des GPs dans d'autres domaines : 50 % d’entre eux prévoient d'aligner plus étroitement leur stratégie avec les attentes des LPs et d'offrir plus d'opportunités de co-investissement, tandis que 36 % s'attendent à recevoir plus de demandes de reporting sur leurs sociétés en portefeuille (16 % en 2022).

De nouvelles opportunités d’investissement en 2024

En 2024, la recherche de nouvelles opportunités d’investissement devrait être plus créative, s'éloignant des pratiques établies. 62 % des fonds chercheront à générer davantage d'opportunités par le biais d'approches directes auprès des dirigeants et fondateurs. 28 % se tournent désormais vers les données pour identifier de nouvelles acquisitions en 2024 - jusqu'à 44 % pour les sociétés de capital-risque – signe de l’intérêt des progrès de l'analytique et de l'IA.

En 2024, les sociétés de capital-risque montrent un intérêt toujours fort mais décroissant pour l'IA et le big data, tout particulièrement scrutés en 2023. Dans le buyout, la pharmacie et la santé deviennent les principaux secteurs d'investissement devant les technologies de l’information. Ces dernières restent attractives, mais leur attrait a diminué pour la troisième année consécutive, passant de 71 % en 2021 à 58 % en 2024. Enfin, en troisième position ex-aequo, nous retrouvons les services professionnels et l’industrie, pour laquelle l’intérêt des acteurs du buyout est en forte croissance.

Rotation des portefeuilles, vers des opérations plus complexes 

Globalement, le secteur s’oriente vers des opérations plus complexes, telles que liées à des scissions d’entreprises ou des retraits de la cote (« Public-to-private »). Dans le domaine du capital-risque et du capital-croissance, les acquisitions demeurent prioritaires, tout en accentuant les efforts de gestion active du portefeuille. 80 % des sociétés de capital-risque prévoient de réinvestir dans les entreprises de leur portefeuille, tandis que 44 % des fonds growth envisagent des opérations de build-up.

Bien qu’ils suscitent moins d’inquiétudes, les taux d’intérêt restent élevés. L'enquête le reflète, et indique une hausse anticipée du crédit privé. Les prêts bancaires et les fonds de dette privée gagnent en attrait pour les opérations de buyout (pour 62 % et 61 % des GPs respectivement). La structuration de ces opérations seraient susceptibles d’évoluer, avec moins de recours à l'effet de levier (pour 66 % des GPs) et davantage de fonds propres (pour 55 % d’entre eux).

« Les acteurs du non coté affichent à raison un optimisme prudent pour 2024, analyse Nicolas Beaugrand, Partner & Managing Director chez AlixPartners. Si les conditions de levées vont rester difficiles, de nouvelles opportunités devraient progressivement voir le jour en matière de transactions. On note à cet égard le retour de l’intérêt porté aux actifs plus tangibles, en particulier les acteurs industriels. Les dues diligences seront essentielles dans ce contexte pour identifier l’activité et l’acteur bien positionnés dans leur secteur. » 

A propos d’AlixPartners

Depuis plus de 40 ans, AlixPartners a accompagné des entreprises à travers le monde afin de répondre rapidement et efficacement aux défis les plus cruciaux, dans le cadre de contentieux à fort enjeu, d’enquêtes d’autorités de concurrence, de gestion des risques, d’amélioration de la performance, de transformation accélérée et de restructuration complexe. Nous intervenons dans des situations critiques : un litige majeur, un changement soudain à l’échelle du marché, un déclin imprévu de la performance ou une décision difficile.

Agir lorsque le temps est compté fait partie de notre ADN. Notre approche est orientée vers les résultats pour répondre aux besoins de nos clients et nos équipes incluent des experts avec des compétences spécifiques adaptées à la situation. Nous apportons un esprit critique, des solutions concrètes, un avis éclairé et une mise en œuvre efficace jusqu’à ce que le travail soit effectué.

Notre approche aide nos clients à se confronter et surmonter les défis futurs. Nous travaillons à vos côtés et avec vos conseillers afin de vous aider à prendre les bonnes décisions.

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